Bien évidement, ce texte de 379 de l’ère chrétienne, par un père de l’Église, n’est pas d’origine chinoise. On peut voir ainsi que la dialectique Yin/Yang n’est pas propre à l’empire du milieu. Seuls, à ma connaissance, les chinois (sans doute par pragmatisme) ont poussé la compréhension du monde manifesté jusque dans ces moindre détails grâce à l’application de la dynamique Yin/Yang.
C’est grâce au repos et au mouvement, en effet, que se produisent la naissance de ce qui n’est pas comme la permanence de ce qui est ; car autour de cette partie de la nature que sa densité rend immobile, comme autour d’un axe fixe, les pôles sont entraînés, tels une roue, dans un mouvement de rotation très rapide et l’un par l’autre, ces deux éléments sont maintenus dans une union indissoluble. Ce qui se trouve emporté par la circonférence, par la rapidité du mouvement, enserre de toutes parts la terre compacte ; de l’autre côté, la substance solide et cohérente, à cause de son immuable fixité, donne au tournoiement des choses autour d’elle une intensité sans cesse accrue.
Une même tension poussée à l’extrême a été déposée en ces deux substances séparées par leurs activités propres, à savoir la nature immuable et la périphérie sans fixité : en effet, ni la terre ne change de place ni le ciel n’abandonne jamais ou ne relâche la rapidité de son mouvement.
Voici donc les premiers éléments que la sagesse du Créateur a établis comme principes de tout le mécanisme du monde, et le grand Moïse, en disant qu’à l’origine Dieu fit le ciel et la terre, veut montrer, je pense, que le mouvement et le repos sont à l’origine de tout cet univers visible que la volonté de Dieu a amené à l’existence.
Grégoire de Nysse – La création de l’homme – Chapitre premier – Éd. du Cerf