Exister, signifie d’abord se mouvoir de manière intelligible pour soi et pour les autres dans un espace et une durée, transformer son environnement grâce à une somme de gestes efficaces, trier et attribuer une signification et une valeur aux stimuli innombrables de l’environnement grâce aux activités perceptives, livrer à l’adresse des autres une parole, mais aussi un répertoire de gestes et de mimiques, un ensemble de ritualités corporelles répondant avec un style propre aux attentes communes. C’est aussi traduire une affectivité à travers une manière d’être, des usages particuliers du visage et du corps. À travers sa corporéité, l’homme fait du monde la mesure de son expérience. Il le transforme en un tissu familier et cohérent, disponible à son action et perméable à sa compréhension. Émetteur ou récepteur, le corps produit continuellement du sens, il insère ainsi l’homme à l’intérieur d’un espace social et culturel donné.
David LE BRETON, Anthropologie du corps et modernité
PUF 2008, page 18