Excellent numéro 137 d’Alternatif Bien Être qui s’ouvre sur un entretien avec le Dr Marc Zaffran. S’il évoque surtout la maltraitance médicale dans la pratique de la médecine occidentale, son discours nous interroge sur la relation soignant/soigné.
Sans doute excessif dans sa généralisation, un article qui pousse à réflexion.
Quelques extraits de cet entretien :
La difficulté pour une personne qui se spécialise dans le soin, c’est qu’elle devient une figure d’autorité. Alors, la tentation est grande pour elle d’utiliser ce pouvoir à son propre profit. Certains médecins s’interdisent cette position de pouvoir. Ce sont des soignants. D’autres en abusent et cessent d’être des soignants.
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(Les médecins) se sentent souvent investis d’une mission : « sauver l’âme » du patient en lui indiquant la bonne voie. S’il n’obéit pas, ils le vivent comme une trahison et le condamnent. Or, soigner, c’est soutenir et accompagner, pas condamner.
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La médecine occidentale, en particulier française, ne respecte pas la physiologie et le ressenti des gens. « Ce n’est pas ce que vous ressentez, mais ce que je pense qui compte » : telle est la posture de beaucoup de médecins français, porteurs d’une idéologie missionnaire qui induit des rapports de force et de jugement. Il faut alors se poser la question : un médecin qui a un mode relationnel autoritaire peut-il être un soignant compétent ? Je pense que non.
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Sur les bancs de l’école de médecine, on apprend aux étudiants que seuls les plus brillants auront le concours et que seule la crème de la crème pourra faire une spécialité ou devenir professeur. Ce qui revient à dire que seuls les moins bons seront au contact des malades, puisque l’immense besoin de soin concerne les soins de proximité. C’est une particularité française. En 2007, Il existait un seul professeur en titre de médecine générale en France.
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…la douleur est encore considérée comme un symptôme et non comme un mal à prendre en compte et à traiter. On ignore que la soulager participe à la guérison, puisque la personne respire mieux, est moins stressée, son système immunitaire répond mieux, etc. Corollaire de cet état d’esprit, la parole du malade n’est pas prise au sérieux. (…) En France, pendant mes études, on m’a appris à ne surtout pas laisser le patient s’égarer dans des considérations sans intérêt et à ne pas trop l’écouter. On reçoit encore des gens qui souffrent et si on ne trouve rien, alors on leur dit qu’ils n’ont rien et que c’est dans leur tête ! C’est une posture de classe.
…et de conclure :
Tout discours qui cherche à vous contraindre par le sarcasme, la menace, la culpabilisation ou l’humiliation est nul et non avenu. Quand un médecin a ce type d’attitude, n’hésitez pas à répondre : « Je ne suis pas un enfant. Si vous n’êtes pas prêt à me respecter et à soutenir mes choix et mes décisions, vous ne méritez pas ma confiance ».
Marc Zaffran, alias Martin Winckler
Le docteur Marc Zaffran, alias Martin Winckler, s’est fait le défenseur de l’éthique médicale, thème qu’il a traité dans deux romans à succès, La Maladie de Sachs en 1988 et Le Chœur des femmes en 2009. En 2016, il a publié Les Brutes en blanc, réquisitoire sévère contre la maltraitance médicale en France.