Qi, souffles, énergie : vivre, c’est se mouvoir ou mouvoir. La vie est mouvement, la vie est énergie, la vie est inspir et expir. Est-ce le Qi, par ses variations qui est à l’origine du YinYang, ou est-ce le mouvement incessant et les mutations du YinYang qui le créent ?
« L’idée du Qi est fondamentale dans la pensée médicale chinoise, mais aucun mot ou périphrase français n’est capable de rendre convenablement sa signification. Nous pouvons dire que tout se qui se trouve dans l’univers, organique et inorganique, est défini par son Qi. »
Ted Kaptchuk, Comprendre la Médecine Chinoise, p.26
Le mouvement de la vie
Le Qi (à prononcer T’chi), ou Ki en japonais, s’accumule et c’est la vie. Il se disperse, c’est la mort. S’il est dense, c’est la matière. Diffus, il est immatériel. Le Qi est en mouvement constant. On dit que c’est la substance fondamentale de tous les êtres vivants. Toutes les activités, toutes les transformations, toutes les modalités du vivant lui sont liées.
Au sens large, le Qi évoque un élément fondamental dans la constitution de l’univers, à l’origine de l’ensemble des énergies et substances présentes dans la nature, capable de produire chaque chose par ses mouvements et ses transformations.
Éric Marié, Précis de médecine chinoise, p.91
Malgré qu’on puisse parfois le lire, Qi n’est pas un concept ou une spéculation, mais une déduction empirique, une expérimentation. Il n’a pas d’équivalent précis dans l’occident moderne (mais toutes les civilisations le connaissent sous d’autre nom). Ainsi, du fait de la polysémie de la langue chinoise de nombreuses traductions sont envisageables simultanément : « les souffles », « la force vitale », « la manière d’être »…Dans la pensée antique, le grec ἐνέργεια [énergeia], « force en action » est ce qui s’en rapproche peut-être le plus. Ceci dit, on retrouve la même difficulté à traduire les termes de Πνεύμα (pneuma), ou le «rûah» hébreux qui, à l’origine, désignaient l’air, l’atmosphère, le souffle.
« Je pense inutile d’inventer d’autres mots que respiration ou souffle. L’esprit occidental, avec sa tendance intellectuelle et analytique, est incapable, de toute façon, d’admettre dans son vocabulaire, un mot aussi flexible que le ki : infiniment grand, infiniment petit, extrêmement vague, extrêmement précis, très commun, terre à terre, technique, ésotérique. »
Itsuo Tsuda : Le non-faire, école de la respiration. Le courrier du livre, 1992, p.14
Les mouvements du Qi
Tout ce qui bouge est mu par le Qi. L’univers entier, visible et invisible, est donc le résultat des mouvements et des mutations de ce dernier. On parle alors d’entrée et de sortie, de montée et de descente des souffles. Et c’est déjà la dialectique YinYang.
Donc, s’il n’y a pas de mouvement d’entrée et de sortie, il n’existe plus le processus de naissance ni de mort, de même qu’à propos du processus de montée et de descente de l’énergie. Si le corps visible disparait, la croissance et le développement sont compromis. Ainsi, toute chose visible est dotée de mouvement d’entrée et de sortie, de montée et de descente, leur différence réside dans le temps de vie plus ou moins long.
SuWen (Questions simples), chapitre 68 (trad. Chen You-Wa)
La régulation des mouvements du Qi est sans doute l’objectif fondamental de la Médecine Chinoise. Et pour en savoir plus, il y a de bonnes pages sur le net, ici ou là par exemple !